LA PRÉPARATION DES SUPPORTS


« Une peinture n’est pas un reboucheur, s’il y a des trous et des imperfections, la peinture ne recouvrira jamais ces défauts, attendez-vous à les voir réapparaître après la mise en peinture »

—Docteur Peinture, himself

I – INTRODUCTION

Plus vous préparerez votre support AVANT la mise en peinture, plus le résultat sera bon. En d’autres termes, AUCUNE PRÉPARATION = RENDU MINABLE.

Il n’y a pas de miracles, et comme dans tous les métiers, il y a des tâches moins agréables à faire, et la préparation en fait partie. Elle prendra 60 % du temps global de travail, mais assurera à 100 % le rendu final de vos chantiers. (Bon, il n’y a pas que ça : il y a également la qualité des outils, du matériel et de l’ouvrier.)

Pour une fois, tant que vous êtes sur mon site, oubliez ce que vous avez pu lire sur le net. Je n’ai plus à justifier mes diplômes, formations, années d’expérience, connaissances, et les centaines de clients qui ont été satisfaits de mon travail. Lisez jusqu’à la conclusion, vous comprendrez que le net, c’est bien, mais pas toujours.

Il y a deux façons d’aborder la préparation : celle des DTU (les règles de l’art) et celle du bon sens. Je pourrais écrire sur les DTU en commentant ce que vous ne comprendriez peut-être pas, mais le copier-coller et la narration d’un document officiel, je le laisse à ceux qui n’y comprennent rien à la peinture.

Pour les plus curieux, voici un résumé de ce que sont les DTU


II- SUR DU NEUF

Lorsqu’il s’agit du neuf, et même si personne n’a massacrer un mur avant vous, vous ne devez quand même pas négliger la préparation. Voici donc en quelques étapes, toute la préparation pré-peinture qu’il faudra réaliser, selon si vous êtes un Jean Érienafaire ou Jean Veupourmonargent


PREMIERE FAMILLE: Il y a d’un côté les paresseux, les « jean ÉRIENAFAIRE », ou simplement les petites bourses (sans mauvais jeu de mots) qui n’ont pas l’argent pour faire mieux, parfois un peu de tout ça. Même si vous faite partie de cette catégorie, vous devez à minim
  • Poncer les joints de placo neuf, à la main ou à la girafe sans abîmer le placo (plaque de plâtre à épiderme cartonné, pour les puristes)
  • L’époussetage n’est pas primordial pour celui qui s’en fiche à condition d’utiliser une girafe et un aspirateur mais TOUT DE MÊME, je conseille de ne pas sauter cette étape !
  • Imprimer le support avec une impression, pas avec n’importe quelle peinture du marché ! L’impression sert à bloquer le fond mais surtout à éviter les désordres de type embuts et maigreurs, ça ne règle pas tout, mais mieux vaut le faire que non (voir ce cours majestueux sur les impressions, primaires etc)
  • Une fois le support imprimé, vous allez pouvoir repérer davantage les endroits (murs et plafonds) qui ont besoin d’être préparés. C’est le moment de se munir d’un scotch de masquage et d’un enduit de rebouchage. Vous repérez les endroits abîmés, trous, griffures du placo, bosses (de colle, de ciment, etc.) Pour les bosses et autres reliefs indésirables, grattez-les, tant faire se peut, avec un couteau d’enduit de peintre. Si ça ne part pas, il faudra enduire la zone de façon très large autour. Pour les trous, rebouchez-les simplement avec n’importe quel enduit de rebouchage (les sacs rouges en général), là encore privilégiez la marque, qui devrait pouvoir vous laisser plus de temps pour travailler votre rebouchage et revenir dessus plusieurs fois (n’utilisez pas le bleu, le lissage, il est plus fin, ne sert pas à reboucher mais avoir un subjectile aussi lisse que le carton du placo). Le scotch de masquage sert juste à repérer les endroits retravaillés, afin de pouvoir intervenir une seconde fois pour le lissage et le ponçage, collez-le à côté de l’enduit que vous avez fait, PAS DESSUS MAIS SUR UNE PARTIE CARTONNÉE et bien entendu ne prenez pas un scotch de sol ou d’extérieur, je le dis parce que je l’ai déjà lu en commentaire.
  • Après séchage complet, à vous de voir s’il faut un deuxième passage de reboucheur (pour les trous trop importants, je conseille deux passages voire plus si besoin, plutôt qu’un seul très gros, d’abord pour faciliter le ponçage, ensuite trop de matière peut entraîner le faïençage de l’enduit et/ou son affaissement).
  • Vos trous sont rebouchés, touchez-les… même après ponçage, ils restent assez grossiers sous la main, c’est qu’un enduit de rebouchage sert à reboucher pas à donner un aspect final correct. À vous de voir donc, si vous désirez faire un tout petit peu mieux, en faisant une couche, très large (plus que le reboucheur) d’enduit de finition (le sac bleu).
  • Après séchage, les enduits sont terminés, c’est à ce moment-là que vous allez poncer les reprises. Ou, vous passez la girafe encore une fois (vous enlevez tous les morceaux de scotchs de masquage avant) ou vous allez le poncer à la main (et vous enlevez au fur et à mesure les fameux morceaux de scotch)
  • À ce moment très précis, vous pourriez très bien passer à nouveau un coup d’impression sur les zones retravaillées. Pour avoir fait le test, sur du neuf uniquement, je ne trouve pas ça nécessaire.
  • Monsieur Jean Érienafaire ? Votre support est prêt à recevoir vos deux couches de finition ou à accueillir votre futur papier peint…

Tout ce qui vient d’être abordé est visible en images dans cette vidéo :


DEUXIEME FAMILLE : De l’autre côté, il y a ceux qui veulent faire bien et faire tout comme les pros, avoir le meilleur résultat. Vous allez voir que la préparation est nettement plus contraignante.
  • Réviser les joints / Réviser les joints, c’est-à-dire, faire le tour du chantier avec un enduit de rebouchage et venir enduire les coups de couteau, les manques, les trous, les têtes de vis non enduites, bref, faire déjà une première révision complète et partout. Pour résumer : tout ce que vous pouvez repérer au premier coup d’œil.
  • Poncer les joints de placo / Pas la peine de s’appliquer comme pour le cas numéro 1, cela ne serait presque pas nécessaire pour l’avoir déjà fait.
  • Épousseter les subjectiles (murs et plafonds) / Ça c’est très important ! (Voir cette autre vidéo où l’on voit l’importance de l’époussetage et ma technique.)
  • Nettoyer le placo / Le placo a été manipulé plus d’une fois par des ouvriers très sales et alcooliques (ça va, c’est pour l’image), mais toutefois, il peut y avoir sporadiquement des résidus de graisses, même localisés, pouvant entraîner le décollement ou le cloquage de l’enduit que l’on va faire. Il serait donc judicieux de s’en prémunir en réalisant une couche complète d’impression sur les murs et les plafonds. À vous de voir, mais sachez que le risque n’est pas négligeable !
  • Ratissage / Une fois l’impression sèche, vous allez pouvoir attaquer le ratissage. Je n’explique pas comment le réaliser ici, mais je vous mets les deux vidéos réalisées à cette fin (ci-dessous). Commencez par le ratissage du plafond avant d’attaquer vos murs.
  • Lorsque le ratissage en deux passes croisées est terminé, vous pouvez poncer à la girafe pour supprimer les arêtes de couteau, les sardines d’enduit, etc. Oui, « à la girafe », car à la main, c’est impossible ! La girafe peut se louer pour une cinquantaine d’euros le week-end, cela devrait suffire largement pour tout poncer. Pensez aux disques abrasifs, rarement fournis avec (des petits magasins de bricolage se sont mis à la location ; des artisans aussi la louent parfois, demandez-leur !) Sinon, vous pouvez opter pour une girafe d’entrée de gamme en lisant cet autre article.
  • Époussetage / Reste le dépoussiérage, appelé aussi époussetage.
  • Impression des plafonds et des murs /Voici l’étape de l’impression des plafonds et des murs. Quand la couche est appliquée partout (une seule couche), passez à l’étape suivante.
  • Dernières reprises / Faites le tour pour essayer de repérer d’éventuelles reprises. Quand on cherche, on en trouve TOUJOURS (un petit coup de lissage devrait suffire).
  • Vos subjectiles sont fin prêts à recevoir les deux couches de finition.

Bien entendu, ces étapes sont celles que je préconise, mais dans certains cas, certaines étapes pourraient être évitées. C’est à vous de voir selon votre exigence.

Ci-contre, la vidéo montrant le ratissage d’un plafond avec deux couteaux d’enduit POUR PEINTRE !!!!! (Je suis peintre, pas enduiseur ou plâtrier, nous n’avons pas les mêmes outils, même si la technique est similaire.)

Ci-dessous, la vidéo sur le ratissage d’un mur comme un pro. Pareil, avec les couteaux à enduire de peintre que vous pouvez retrouver à l’achat dans ma boutique (ah bah, il faut bien faire un peu de pub, je vous signale qu’il n’y en a pas du tout sur mon site).


III – SUR DE L’ANCIEN

Travailler sur de l’ancien, c’est un peu différent. Il va falloir identifier l’état des murs et savoir ce que l’on veut faire (papier peint, peinture ou autre revêtement mural). S’il y a des fuites d’eau, des dégâts quelconques, des cloques, des fissures, etc., c’est maintenant qu’il faut agir. Pour ce faire, j’ai déjà beaucoup écrit à ce sujet et vous propose ces cours :

DÉTERMINER LA NATURE DES FONDS & LES DIFFÉRENTS DÉSORDRES

Une fois que l’on a identifié l’état du subjectile et arrêté notre choix de décoration, on agit en conséquence : détapissage, lessivage, grattage, époussetage, etc. En tout état de cause, et ce « quasiment » à chaque chantier, lorsque j’ai supprimé le papier peint sur d’anciens murs, lessivé l’ensemble, gratté des enduits qui ne tiennent plus, ou éliminé des faïençages disgracieux, bref, apporté un peu de propreté à mes subjectiles, je bloque le fond avec une impression ! (Si je dois reposer un papier peint, le fond doit être homogène, car malheureusement beaucoup de papiers peints de mauvaise qualité sont plus transparents que d’autres. Si le mur n’est pas homogène au niveau de sa teinte d’ensemble (tâches, différentes couleurs sur le mur, etc.), cela risque de se voir sous des papiers peints légers, de couleurs claires et de mauvaise qualité.)

L’UTILISATION DE PRÉ-ENCOLLEUR PEUT ÊTRE UNE SOLUTION À LA PLACE D’UNE IMPRESSION QUAND ON VEUT TAPISSER. MAIS IL FAUT QUE LE SUPPORT SOIT HOMOGÈNE.

Quand les murs présentent trop de zones pulvérulentes (farineuses au toucher), je bloque le fond avec une peinture solvantée !

À ce moment précis, je peux envisager de peindre ou de poser un papier peint, mais pas avant ! Ne négligez JAMAIS l’impression, surtout lorsqu’il s’agit de fonds non bloqués et/ou présentant un quelconque désordre. Vous pourriez le regretter et devoir recommencer.

Une fois l’impression réalisée, je peux éventuellement reboucher le plus gros des trous si je pose un papier peint, ou réaliser les étapes décrites dans les chapitres I et II de ce cours. À vous de faire le point sur votre budget, votre motivation et vos connaissances pour réaliser la version de Jean Érienafaire ou celle de Jean Veupourmonargent.

NE PEIGNEZ JAMAIS UN MUR DÉTAPISSÉ
QUI N’AURAIT PAS ÉTÉ LESSIVÉ AVANT = faïençage de la peinture assurée !
L’eau contenue dans la peinture réactive le résiduel de colle au moment de l’application, quand la peinture sèche, la colle retrouve sont état et se rétracte, emmenant avec elle la peinture au dessus !


IV – LES PARTICULARITÉS

Les boiseries, portes, plinthes, etc.

Il y a deux façons de poncer :

  1. PONCER À BLANC : Retirer toutes les couches superficielles ou non de vernis, lasure ou peinture (comme si le bois sortait d’usine).
  2. PONÇAGE POUR L’ACCROCHE : Ne nécessite pas de mettre à nu le bois, mais de gratter la surface pour créer une parfaite accroche entre chaque couche, et/ou de faire sauter tout produit en surface qui ne tiendrait pas (surtout l’écaillage).

Lorsque le subjectile est neuf, il faut faire une impression pour bloquer le fond (autrement vous comprendrez pourquoi le bois s’appelle le bois). La peinture de finition diluée suffira amplement. On poncera entre chaque couche pour recréer une petite accroche.

Si des trous sont à combler, faites-le après un léger ponçage et avant de peindre. Préférez les nouveaux enduits pour bois (voir vidéo ci-dessus) aux pâtes à bois classiques, qui sont plus longues à sécher et présentent un très fort retrait.

Lorsque le subjectile est ancien, et à moins de vouloir changer complètement d’application (un vernis à la place d’une peinture), il n’est pas nécessaire de poncer à blanc ; un simple ponçage pour créer une accroche suffira. (Pareil entre chaque couche de produit, peu importe si c’est du vernis ou de la peinture.)

ATTENTION PARTICULARITÉ / Pour des boiseries lasurées et/ou vernies depuis longtemps, afin d’éviter les remontées tanniques (essence du bois qui remonte en surface du film de peinture créant des taches disgracieuses), préférez une impression isolante pour bloquer ces remontées, ou une peinture à base de chaux pour le même effet. (Voici une vidéo pour ce cas particulier.)


CONCLUSION

Arrêtez d’écouter les conseils de « Jean Tilevendeur », qui, comme la plupart des vendeurs, n’a jamais tenu un pinceau au moins 5 ans dans sa vie ! (5 ans c’est déjà énorme ! À raison de 200 à 400 m² par jour, je passe les prépas et autres, ça fait de la maille de tombée !!! ou plutôt de la peinture d’appliquée).

La connaissance ne s’acquiert que par l’expérience sur le terrain, pas derrière un bureau ou dans les livres, et encore moins sur internet quand il ne s’agit pas d’un pro bien sûr !

J’ai quand même lu sur le forum d’une grande surface de bricolage ce qui suit :

Lettre à Monsieur Tilvendeur

Très cher Monsieur Jean Tilevendeur,

Non, ce que vous dites là est une belle preuve que :

  • Ou vous ne saviez vraiment pas, mais plutôt que d’aller vous renseigner auprès de gens qui savent, vous dites n’importe quoi ! Alors c’est du paralogisme et du pur commercial mauvais.
  • Ou vous saviez que vous vendiez un produit pas terrible mais ne saviez pas quoi répondre ! Auquel cas c’est une preuve avérée de sophisme et vous êtes quand même très mauvais (et accessoirement de mauvaise foi).

En tout état de cause, ce n’est pas la préparation du support qui agira sur l’opacité d’une peinture, ON AURA TOUT LU, preuve s’il en est, que l’on peut se poser beaucoup de questions quand on tombe sur ce genre de réponses. NON C’EST PLUS SIMPLE QUE ÇA M’SIEUR L’VENDEUR !!! Une peinture opaque est une peinture de qualité, une qui ne l’est pas c’est ce que l’on appelle de la merde POINT BARRE À LA LIGNE. Je vais passer sur le fait que, comme seule solution, vous essayez en plus de lui vendre de la camelote histoire de refaire non pas une mais deux fois le même boulot. J’en connais un qui a dû sûrement être drôlement heureux de vous lire et hyper pressé de retourner se fournir chez vous ! À ce prix, il aurait mieux fait d’aller chez un revendeur pro, ça lui aurait coûté moins cher et il serait moins passé pour un con ! Je passerai également sur le fait qu’à aucun moment, il n’y a une excuse, ni même un début de « on va vous rembourser ». En même temps, sur le net, le vendeur peut dire ce qu’il veut. J’imagine le client arrivé en GSB et racontant son histoire. Sauf s’il fait un esclandre, les mecs vont lui rire au nez.


EN CONCLUSION

Il existe un petit livret d’une trentaine de pages au format A4, écrit par un professionnel du bâtiment (moi, pas la chanteuse hein !) disponible à la vente pour seulement 8,50 € en version PDF. Tout est illustré (par mes soins, mais cela ne change rien au contenu). Ce livret résume plutôt bien l’ensemble du travail du peintre, depuis la préparation jusqu’à la finition. Alors, si le cœur vous en dit, vous pouvez vous offrir ce livret ou l’offrir à quelqu’un qui saura en faire bon usage (Jean Tilvendeur par exemple), depuis ma boutique. Continuez à potasser avant d’arriver dos au mur… ou plutôt, face au mur.

Avril 2020 – Février 2025 – Docteur Peinture ®

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